Les origines de Cavalaire

 

A l'Antiquité déjà

L'histoire de Cavalaire remonte au Chalcolithique vers -2300 et -1800 ans avant JC. Des fouilles ont mis en évidence l'activité d'un port jusqu'à la fin de l'Antiquité, un bourg et un important habitat rural. Les traces de l'occupation des lieux par les Ligures, sur leur "oppidum de Montjean" qui domine Cavalaire du haut de ses 460m, sont encore présentes. Elles datent sans doute du VIème siècle avant J-C. On retrouve également des traces de l'existence de la ville à l'époque Gallo-romaine.

"Caccabaria" est mentionnée en tant que station entre Fréjus et Giens sur l'itinéraire d'Antonin.

 

Un port important au Moyen-Age

Au Moyen-Age, "Cavalairo" ou "Cavalaira" est une petite terre de Gassin dépendante du vaste domaine de Jean de Cossa de la Baronnerie de Grimaud.
Abritée à la fois du Mistral et de la Marinade, Cavalaire représente à l'époque le meilleur mouillage naturel de la côte des Maures. Aux XIVe et XVe siècles, le port de pêche et de commerce de la ville draine une clientèle importante s'étendant sur la Provence et les côtes italiennes proches. Mais en 1470 la construction du port de Saint-Tropez par les marins génois remplace le port commercial de Cavalaire.

 

Une ville jeune

A la Révolution Française, lors de la création des départements en 1790, le District Révolutionnaire décide de réunir le fief de Cavalaire à Gassin. Le lieu-dit de Cavalaire reste ainsi au XVIIIe siècle un « écart » de Gassin. Les Cavalairois décident d'entamer des démarches pour obtenir leur autonomie.
Mais ce n'est que 139 ans plus tard, en 1929, que Cavalaire devient une commune à part entière par le détachement de Gassin.

 

Un lieu de mémoire

Dans la nuit du 14 au 15 Août 1944, les unités de rangers américains de la Force SITKA attaquent les îles du Levant et de Port Cros, tandis qu'un groupe de commandos français aborde à Cavalaire.
La mission de cette force spéciale est de préparer la mise à terre des divisions d'attaque, et en particulier, de s'emparer des batteries de côte dont l'action pourrait contrarier le débarquement.

 

Protohistoire

Cavalaire au temps de la Protohistoire

Les premières fouilles furent celles du Montjean, conduites par Denis Wallon de 1963 à 1979. Au cours de cette même période, les recherches subaquatiques se multiplièrent avec, en 1973, la découverte d'une épave du VIe siècle av. J.-C. à la Pointe du Dattier ; entre 1974 et 1979, la fouille d'un bateau des années 100 av. J.-C. à Cavalière ; en 1974, le sondage sur une cargaison du Bas-Empire à Pampelone ; en 1981, l'exploration d'une épave du IIe siècle av. J.-C. à la Pointe du Brouil.

Fouille de l'oppidum du Montjean

Oppidum (du latin n. oppidum, pl. oppida : lieu élevé, fortification. (À noter le pluriel aussi utilisé : oppidums) est un lieu de refuge public, caractéristique de la civilisation celtique, dont les défenses naturelles ont été renforcées par des travaux collectifs. Il est souvent situé sur un lieu élevé (une colline ou un plateau), mais peut aussi être sur une île, un cap, dans un méandre de fleuve, un marais, etc.

L'occupation du massif des Maures à l'Age du Fer est encore très mal connue. Les données réunies à la suite des fouilles sur les oppida de Maravielle (La Môle) et du Montjean (Cavalaire-La Môle)) ne suffisent pas à présenter un panorama complet de la période qui s'étend de l'arrivée des Grecs en Provence à la conquête romaine : seule certitude, ils sont occupés au VIe siècle av. J.-C. pour l'un, et du VIe au IVe av. J.-C. siècle pour l'autre.

Malgré des lacunes qui invitent à la prudence, les connaissances actuelles indiquent que ces sites furent abandonnés dans le courant du IVe siècle au plus tard. Le IVe siècle est justement l'époque de la fondation d'Olbia, près d'Hyères. Deux hypothèses sont envisagées : la création de ce comptoir massaliote vers 350 av. J.-C. provoque l'assimilation pacifique des populations indigènes du massif des Maures, ou, au contraire, la destruction militaire des forteresses et la soumission de leurs habitants.

La nature des céramiques retrouvées diffère entre les oppida du Montjean et de Maravielle.

Au Montjean, le matériel comporte de la céramique indigène modelée (jarres, coupes, écuelles, faisselle) et de la céramique importée (vases à boire, de fabrication attique, italique ou marseillaise, et surtout des amphores, dans leur immense majorité, de type massaliète). Les habitants du Montjean commerçaient donc principalement avec les Phocéens en leur achetant du vin.

A Maravielle, le matériel céramique comporte de la céramique modelée (coupes, urnes) et de la céramique tournée importée (amphores principalement étrusques, peu de céramique marseillaise fine). La plus grande ancienneté de Maravielle (un demi siècle peut-être) n'explique pas l'abondance des amphores étrusques qui y ont été retrouvées, alors que les marseillaises y sont très rares. A l'inverse, amphores marseillaises et céramique attique abondent au Montjean, alors qu'elles sont rarissimes à Maravielle pour la même période.

Les deux groupes humains avaient manifestement des fournisseurs, ou au moins des goûts différents ; les débouchés naturels des deux sites ne sont d'ailleurs pas les mêmes : la baie de Cavalaire pour le Montjean, en vision directe avec la mer, le golfe de Saint-Tropez pour Maravielle, nettement plus éloigné de la mer.

On ignore bien sûr la nature des relations qui pouvaient exister entre les deux communautés, mais les écarts constatés dans les approvisionnements plaident plutôt pour l'ignorance sinon l'hostilité, et témoignent en tout cas de moyens et de contacts peu comparables.

De Rome au Moyen-Âge

La chute de l'empire romain mit fin à la « Pax Romana », la plus longue période de paix que connut l'humanité ; le pays fut alors en proie à une succession de troubles et d'invasions diverses : Wisigoths (fin du Ve siècle), Ostrogoths (VIe et VIIe siècles) et Sarrasins (à partir du VIIIe siècle) pour ne citer que les principaux.

Profitant de l'anarchie politique qui caractérise alors la Provence, les Sarrasins débarquent vers 883, et s'établissent dans la plaine du Freinet (Fraxinetum, ou Val-des-Frênes qui correspondait approximativement aux deux cantons actuels de Grimaud et de Saint-Tropez). Les sources arabes relatives à cet épisode permettent d'affirmer que le Fraxinet n'était pas uniquement un poste militaire en vue d'incursions terrestres (dont on sait qu'elles atteignirent les Alpes), mais également l'un des points d'appui de la domination omeyyade (commerciale et diplomatique) en Méditerranée occidentale. La domination des Sarrasins dura près d'un siècle. Nombre d'entre eux se livrèrent, semble-t-il, à l'agriculture et à l'industrie.

(Source 3 : Annales du Sud-Est Varois, Tome XV, 1990)

 

En 972-973, un grand mouvement de rébellion s'organise, et les Sarrasins sont expulsés par une armée chrétienne que commande Guillaume Ier, comte de Provence, (dit « le Libérateur »), et par son frère Pons Ier, vicomte de Marseille. Lequel reçut possession de presque toutes les terres conquises, dont le domaine de Grimaud, et en fera don à l'abbaye de Saint-Victor de Marseille quelque temps plus tard.
Chassés du Freinet, les Sarrasins ne se résignèrent pas et revinrent régulièrement à l'assaut des côtes. Les villages et les bourgs (Bormes, Gassin, Ramatuelle, Cogolin, Grimaud…) cherchèrent en hauteur un refuge contre les pirates, créant tout un système d'observation (tours de guet), d'avertissement (farots la nuit et feux d'herbes humides le jour), de résistance (enceintes fortifiées).
Alors que le territoire de La Croix-Valmer était désert, un habitat intermédiaire, entre celui qui a laissé quantité de vestiges antiques, à Pardigon, et le hameau qui a donné naissance à Cavalaire, se tenait probablement à proximité du port. Un document datant de 1323 (Procès-verbal de visite des Fortifications des Côtes de Provence, p.661) mentionne un « faro dans les lieux sus-dits qui sont appelés Cavalaira et Bertaud ».
Grâce au travail de transcription des textes médiévaux du Freinet entrepris par le Service Patrimoine du SIVOM du Pays des Maures et du Golfe de Saint-Tropez en collaboration avec le Service de l'Inventaire Général, des indications inédites sur la vie du petit port de Cavalaire du XIVe au XVIe siècle ont été révélées.
Ainsi, dans les années 1360, Cavalaire (Cavalaira) était une petite agglomération, un « bourg » (village dépourvu de fortification), qui dépendait de Gassin. Il y avait là quelques maisons, que leurs propriétaires louaient, et des « boutiques » (las Botigas de Cavalayra, toponyme attesté par le cadastre de Gassin de 1516), destinées au ravitaillement des gens de mer. Les marins venaient ici de toute la côte provençale et de la Riviera génoise, parfois même de plus loin, pour une simple escale ou pour une campagne de pêche. Les seigneurs de Gassin, Boniface de Castellane et Bérenger de Camarat, donnaient chaque année en location les cales, emplacements où l'on installait les filets, sur le domaine maritime qui leur appartenait. Ils percevaient, en outre, des taxes sur l'accostage des navires (rivage), sur le chargement et le déchargement des marchandises (leyde), sur l'étalonnage et le contrôle des poids et mesures employés.
Les marins trouvaient à Cavalaire l'eau douce, le pain, et d'autres denrées alimentaires. Comme dans tous les ports, ils oubliaient un moment leurs fatigues dans les tavernes autour d'un pichet de vin, en compagnie des filles de joie. Les marchands venaient y charger du bois coupé dans les collines environnantes, du liège, des feuilles d'arbousier et de myrte (pour la tannerie), des châtaignes, du blé descendu à dos de mulet des bassins du haut Var, ou décharger des étoffes et des produits manufacturés. Les pêcheurs s'y approvisionnaient en sel, amené des salins d'Hyères, qu'ils employaient à la conservation du poisson.
Les « criées », proclamations des règlements de police, renouvelées chaque année sur place par les agents des seigneurs locaux (dont un registre a été conservé aux Archives Départementales des Bouches-du-Rhône), nous renseignent sur l'activité de Cavalaire. Les mêmes prescriptions sont réitérées de 1361 à 1366, puis en 1407, puis à nouveau régulièrement entre 1451 et 1460, enfin une dernière fois en 1496.
En dehors des ordonnances dictées par des circonstances exceptionnelles (repli des hommes et des bêtes dans le village fortifié de Gassin pour cause d'attaque ennemie), les articles que le crieur répète chaque année concernent la vie quotidienne des habitants, dans ses aspects politiques (soumission à la juridiction seigneuriale), sociaux (prohibition du port d'armes, de l'adultère, des jurons, de tous les jeux, de l'assistance à des malfaiteurs) et économiques (obligation de recourir aux poids et mesures légaux, de payer la taxe sur les marchandises, de faire annoncer publiquement toute vente de vin). Cavalaire draine alors une clientèle dans un rayon de 150 km à vol d'oiseau en tous sens : ce n'est pas là le fait d'un vulgaire bourg rural, mais bien la marque d'un port actif dans le commerce inter-régional.

(Source 4 : Freinet, pays des Maures, n°4 / Conservatoire du patrimoine du Freinet.- 2003)

 

En 1470, Jean Cossa, baron de Grimaud et général du bon roi René, promu sénéchal de Provence, voulant réorganiser et repeupler Saint-Tropez dévasté et déserté, fit venir une cinquantaine de familles gênoises sous la conduite de Raphaël de Garezzio. Celui-ci s'engagea alors à rebâtir le dit lieu, à le fortifier et à garder le golfe et les terres avoisinantes depuis Sainte-Maxime jusqu'à Cavalaire. Saint-Tropez, vite relevé, devint un solide avant-poste défensif pour toute la côte, accaparant rapidement tout le trafic maritime : c'est ainsi que la baie de Cavalaire perdit l'essentiel de son activité vers la fin du XVe siècle.

De la Renaissance à la Révolution

Cavalaire des temps modernes (XVIe > XIXe siècles) 

Malgré son déclin, la baie de Cavalaire restait cependant un refuge occasionnel en cas de tempête et, surtout, un lieu d'accostage aisé dans un secteur côtier globalement inhospitalier. Les pirates et les barbaresques le savaient aussi bien que les marins provençaux et gênois, au grand dam des paysans qui, depuis le début du XVIe siècle, avaient remis en valeur ce quartier éloigné et commencé à y construire des bastides. Le seigneur de Gassin les y encourageait en créant à cet endroit l'un de ses principaux domaines. 

 

Le XVIe siècle voit la Provence secouée par les guerres de religion entre catholiques et protestants. Le parti catholique est dit « Carciste », du nom de son principal chef le comte de Carcès, le parti protestant est dit « Razat » (du nom du comte de Retz, bien que la tradition propose aussi « razat » pour rasé, pillé). Ces deux partis circulent en bandes ravageuses de quelques milliers d'hommes, brûlant et saccageant communes et campagnes jusqu'en 1595. Cette scission finira par se résorber avec une coalition de protestants et de catholiques modérés formant le parti « Bigarrat ».

(Source 5 : Histoire de la Provence / Maurice Agulhon et Noël Coulet.- Paris, PUF, 1987)

 

Au début du XVIIe siècle, l'insécurité persistante freinait encore le développement agricole du quartier. En effet, deux ennemis viennent de la mer, l'un permanent, la piraterie, l'autre épisodique, l'Espagnol. Sous l'égide de l'administration royale fut alors établie sur le piton qui domine l'extrémité ouest de la plage une petite forteresse destinée à protéger toute la baie et ses abords : la tour de Cavalaire, dont le commandement fut confié au seigneur du lieu. La tour, le château et la redoute apparaissent pour la première fois sur la Carte d'Etat-Major commandée par Louis XV, dite Carte de Cassini, dont l'exécution fut estimée vers 1780.
Après avoir pourvu à la sécurité des habitants, il ne restait plus qu'à leur procurer un lieu de culte : ce fut chose faite avec la fondation et la construction de la chapelle Notre-Dame de l'Annonciade en juin 1639. Le service religieux institué par l'acte de fondation semble avoir été assuré avec régularité. Mais, comme tous les édifices religieux, la chapelle de Cavalaire cessa de fonctionner durant la Révolution. Une lettre du docteur Pardigon, maire de Gassin, en date du 25 juin 1854 le confirme : « …c'est en 1793 que fut fermée la chapelle qui existait à Cavalaire ». En 1829, le clocher-mur était indiqué comme amer sur une carte maritime. Au début du XXe siècle, la chapelle apparaît ruinée et sans toit sur quelques cartes postales. D'après des témoins, elle aurait été rasée durant l'occupation par les soldats allemands que les ruines gênaient pour la surveillance des côtes.

(Source 6 : Freinet, pays des Maures, n°3 / Conservatoire du patrimoine du Freinet.-2002) 

Révolution et temps modernes

En Provence, les derniers temps de l'Ancien Régime sont synonymes de sécurité enfin revenue et de prospérité. Les populations quittent les villages fortifiés et s'installent de façon éparse dans les vallées avoisinantes. Les familles se regroupent par 2 ou 3 et vivent en autarcie : c'est l'époque des « ménagers » (catégorie d'agriculteurs qui possédaient leurs terres). Ainsi, sur le territoire de Cavalaire, les vestiges de cette période de l'histoire démographique du pays se retrouvent au hameau des Collières, dans le quartier des Mannes, au Dattier, à Malatra, au Jas de Castellane, à Rigaud… Dans ces « ménages » vécurent plusieurs générations de paysans qui se transmirent les sols améliorés et les domaines agrandis. Malgré une période de troubles dus à la grande révolution de 1789-1793, cette vie pastorale semble s'être prolongée jusque vers 1850. 

Notons que lors de la création des départements par l'Assemblée Constituante en 1790, le District Révolutionnaire décida que le « fief rural de Cavalaire », dépendant alors du Marquisat de Grimaud, serait désormais réuni à Gassin. Le lieu-dit « Cavalaire » resta ainsi un « écart » de Gassin pendant 139 ans (de 1790 à 1929).
Dès 1837, l'exploitation du liège se développe, et avec elle le métier de démascleur de liège ainsi que les ateliers de confection de bouchons.
Les charbonnières en activité sont alimentées par les « bouscatiers ». L'élevage de vers-à-soie amène la création de magnaneries, dont une fonctionnera à Cavalaire jusqu'en 1914. Le travail de la vigne et la cueillette des fleurs occupent hommes et femmes (domaine de « La Roseraie » et ferme d'Henry Gros).  La cueillette des olives fait tourner les moulins…
D'autre part, le pays commence à être découvert par des visiteurs de renom, en dépit de grandes difficultés pour l'atteindre : Nice par le duc d'York en 1764, Cannes par lord Brougham en 1834 puis Prosper Mérimée, Saint-Raphaël par Alphonse Karr, le littoral varois par Victor Hugo en 1839, et Guy de Maupassant vers 1885. Suivront, pour n'en citer que quelques-uns, André Gide, Blaise Cendrars, Jean Cocteau, Colette, Virginia Woolf, André Breton, Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre, Henry Miller et Anaïs Nin, André Malraux, Louis Aragon et Elsa Triolet... Autre découverte, celle de la nature, des couleurs et de la lumière de la Provence par les artistes peintres. Les Provençaux le savaient bien, qui avaient nom Granet, Monticelli, Cézanne ou Seyssaud. Mais voici que les peintres du Nord s'aperçoivent qu'ils peuvent trouver là le dépaysement qu'ils cherchaient jadis en Italie ou au Maghreb : Van Gogh en Arles, Signac et Dunoyer de Segonzac à Saint-Tropez…
Commencés en 1882, les travaux de la construction de la voie ferrée des Chemins de Fer de Provence sont enfin achevés : la ligne Hyères-Saint Raphaël est inaugurée en août 1890. Le littoral, si longtemps tenu à l'écart, est maintenant plus facile d'accès.
Le Guide du voyageur du Littoral de 1890 ne tarit pas d'éloge sur le hameau de Cavalaire :

« La rade de Cavalaire est un des points les plus abrités de tout le rivage méditerranéen. Les orangers, les citronniers, les cédratiers, les palmiers y produisent d'excellents fruits… Il n'est pas douteux que ce site admirable arrive promptement à conquérir la place qu'il doit occuper dans l'ensemble de nos stations hivernales ». 

Le guide officiel du Syndicat d'initiative de Provence, dans son édition de 1904, cite Cavalaire comme station hivernale à fréquenter de novembre à mai. Le guide Pol de 1907 (autre guide, publié sous les auspices et les encouragements des Compagnies de Chemin de Fer et de Navigation) confirme : « Cavalaire, nouvelle station appelée à une grande prospérité, soit comme bains de mer, soit comme séjour d'hiver à cause de la faible différence thermométrique du jour et de la nuit (rhumatismes, anémies, affections des voies respiratoires)… Sa situation est admirable, au bord d'une magnifique plage de sable fin de près de quatre kilomètres de long qui s'incurve…Un écran de collines boisées s'élève au nord et l'abrite des vents froids. On y cultive des fleurs et des primeurs ; le vignoble y produit un excellent vin. En dehors des promenades nombreuses par terre et par mer, on peut se livrer aux plaisirs de la pêche et de la chasse ».

(Source 7 : Saint-Tropez d'antan, le golfe et la presqu'île de Saint-Tropez à travers la carte postale ancienne / Henri Prévost-Allard.- HC Ed., 2005)
 

Un renouvellement profond de l'économie locale jusque là presque autarcique se dessine. Peu à peu, on abandonne la culture du blé aux rendements locaux trop faibles ; l'oléiculture cède devant la concurrence victorieuse de régions plus spécialisées ; l'élevage du petit bétail n'est pas maintenu et livre la colline à la reforestation spontanée ; et les deux ressources locales les plus intéressantes, la vigne et la sériciculture, gagnées par le phylloxera et la pébrine, sont largement compromises.
Entre 1890 et 1905, une immigration décisive pour l'avenir de Cavalaire va se produire : des exploitants agricoles décidés à pratiquer de nouveaux systèmes de culture, des particuliers désireux de développer des activités commerciales et touristiques, des immigrants italiens « qui acceptent les besognes dont les indigènes ne se soucient pas », et enfin de grands bourgeois qui se font construire de luxueuses villas en vue de séjours hivernaux. Le premier d'entre eux fut Pierre Foncin, suivi, en 1903, de Sir John Eliot, un ancien colonel anglais, qui fit édifier un étonnant castel de style composite dans la calanque de Bon Porto. L'année suivante, le préfet des Basses-Alpes, David Dautresme, fait construire une villa dans le vallon du Dattier, et, la même année, le baron Didier de Pernety-Haussmann (petit-fils du rénovateur de Paris) fait bâtir la villa des Vivards, appelée « villa Fantaisie ».
A côté de ces riches villas, des hôtels, des guinguettes, des cabanes de pêcheurs constituent un commencement de bourgade : de 166 individus en 1846, l'effectif des Cavalairois est passé à 287 en 1901 (dont 100 étrangers). En 1936, Cavalaire accuse une population de 785 personnes : plus prolifiques que les provençaux, les italiens, complètement intégrés, sont devenus dominants.

(Source 8 : Cavalaire du 19e au 21e siècle / Etienne Juillard)