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A Cavalaire : la plus ancienne maison néolithique de Provence
Qualifiée de découverte rare par le service régional de l'archéologie, l'un des plus anciens habitats néolithiques de France, attribué à l'époque du Cardial ancien, fait actuellement l'objet de fouilles par les archéologues de l'Inrap à Cavalaire-sur-Mer (Var). Il s'agit du deuxième site connu de cette période en France. Réalisée sur prescription de l'État (Drac Provence-Alpes-Côte d'Azur), en amont du projet de refonte du centre-ville, la fouille, menée sur une surface de 4200 m', devrait s'achever à la fin du mois de janvier. "La ville de Cavalaire est fière de cette découverte qui contribue à l'histoire de notre belle commune. Je tiens a préciser néamnois que cette découverte ne boulversera pas les travaux du projet Coeur de ville" précise Monsieur le Maire Philippe Leonelli.
Les premiers agriculteurs méditerranéens et leurs habitats
Les premières traces du Néolithique sur les rives méditerranéennes sont désignées sous le terme d'impresso-cardial. Ce courant culturel se diffuse rapidement d'est en ouest. A partir de la Grèce, il atteint le sud de l'Italie (Sicile, Pouilles, Calabre) vers 6000 avant notre ère, pour s'étendre jusqu'au golfe de Gênes et dans Midi de la France (Côte d'Azur, Languedoc) autour de 5800 avant notre ère.
Le terme de cardial fait référence aux céramiques, caractéristiques de la région, ornées de motifs réalisés avec un coquillage à bord dentelé, le cardium.
Cette diffusion semble étroitement liée à la première vague néolithique européenne, observée en Turquie, en Thessalie, en Macédoine, puis sur l'île de Corfou en Grèce et en Slovénie. Ces populations, pleinement agro-pastorales et sédentaires, ont laissé des habitats souvent mal conservés, leur architecture utilisant principalement des matériaux périssables.
En France
En France, les habitats du Néolithique ancien ont surtout été retrouvés en grotte et abris sous roche. Les sites de plein air sont peu documentés. Dans le sud de la France, quelques-uns ont livré des plans d'habitation, basés sur les vestiges les mieux conservés : des fosses et des trous de poteaux. Parmi eux, Peiro Signado (fouille réalisée il y a une vingtaine d'année), en Languedoc, daté de 5800 avant notre ère, constitue un exemple rare d'habitat attribué, comme à Cavalaire, au Néolithique ancien Impressa. Les fouilles y ont mis au jour les restes d'un bâtiment ovale. Le site de Courthézon, dans le Vaucluse, a également révélé des plans de cabanes ovales datés du Cardial récent (entre 5380 et 5080 avant notre ère).
La maison cardiale de Cavalaire
Le bâtiment, découvert sous 4 m d'alluvions dans un petit vallon littoral à Cavalaire, est attribué au Cardial ancien grâce à sa position stratigraphique à 1,30 m sous les niveaux d'occupation du Néolithique moyen (datés de 4800 BC cal). Les tessons de céramique retrouvés dans ce niveau et dans l'élaboration des murs portent les motifs décoratifs caractéristiques de cette période.
Deux bases de mur parallèles en pierre - ainsi qu'une petite abside très endommagée par les phénomènes géomorphologiques et des réaménagements postérieurs - ont été mis au jour. Les dimensions du bâtiment sont approximativement de 7 x 5 m. La base des parois semble avoir été consolidée avec un liant constitué de terre crue et de gravillons (un béton de terre crue) : il apparaît aux archéologues comme un sédiment plus compact, plus fin et plus gris que le sol environnant. Le plan trouve des parallèles en Italie centrale, ce qui conforte l'origine orientale de la vague néolithique impresso-cardiale. Par ailleurs, plusieurs foyers isolés ont été retrouvés, mais également une concentration de plusieurs structures foyères comprises sur une surface 4m' avec probablement la présence de trous de poteaux en périphérie.
Une histoire encore à écrire
La compréhension de l'habitat cardial en France reste limitée, notamment en ce qui concerne les constructions en plein air. Les plans et les techniques de construction demeurent encore largement sous documentés, compte tenu de la rareté des vestiges.
La structure mise au jour constitue donc une contribution précieuse à l'enrichissement des connaissances. Elle incite à penser que d'autres vestiges des premiers agriculteurs en France reposent encore sous les épaisses alluvions des fleuves et rivières méditerranéennes.
L'Inrap
L'Institut national de recherches archéologiques préventives est un établissement public placé sous la tutelle des ministères de la Culture et de la Recherche. Il assure la détection et l'étude du patrimoine archéologique en amont des travaux d'aménagement du territoire et réalise chaque année quelque 1800 diagnostics archéologiques et plus de 200 fouilles pour le compte des aménageurs privés et publics, en France métropolitaine et outre-mer. Ses missions s'étendent à l'analyse et à l'interprétation scientifique des données de fouille ainsi qu'à la diffusion de la connaissance archéologique. Ses 2 200 agents, répartis dans 8 directions régionales et interrégionales, 42 centres de recherche et un siège à Paris, en font le plus grand opérateur de recherche archéologique européen.