Christophe Malavoy au festival des Tragos

Le festival des Tragos accueille pour son retour sur les planches l’écriture lyrique et rêveuse de Christophe Malavoy dans son adaptation du texte intemporel de Joseph Roth, la légende du Saint-buveur. L’acteur émérite y incarne avec justesse Andreas, un sans-abri perdu sous les ponts de Paris dont le destin bascule lorsqu’un inconnu décide de lui venir en aide.

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dsc_3487_c._malavoy_28-07-21_rs_c_cavalaire_communication_-_ob.jpg, par © Cavalaire Communication - BAO

 

Vous nous avez déjà fait l’honneur de venir dans notre commune en 2010 pour le tournage du téléfilm « Mission sacré », pouvez-vous nous en parler ?

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tournage_cm.png, par Ludivine

 

La région Paca et le golfe de Saint-Tropez sont des partenaires historiques et importants de la Culture avec de nombreux tournages pour le cinéma ou la télévision. J’y suis donc tout naturellement venu à quelques reprises et je garde un souvenir particulièrement fort du tournage du téléfilm « Mission sacré ».  Avec la difficulté à la fois d’incarner un personnage qui a existé mais aussi  d’essayer de restituer une vérité (parce qu’il y en a toujours plusieurs) sur un sujet brulant qui a fait la « Une » des journaux à l’époque et une issue catastrophique pour le Préfet. J’y ai beaucoup apprécié l’accueil qui nous a été réservé par la commune  lors de nos prises de vues sur la  plage de Bonporteau et sur les paysages naturel qu’offre la ville.

 

Est-ce que vous avez une appétence  particulière pour le théâtre joué en plein air ?

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dsc_3506c.malavoy-_hd_legende_du_st_buveur_280721_c_cavalaire_communication_-_bao.jpg, par © Cavalaire Communication - BAO

 

J’apprécie beaucoup le théâtre plein air, car il apporte une émotion supplémentaire ; on ressent le frisson de l’air, des étoiles, du ciel et de la lune ce qui lui donne une atmosphère unique et irremplaçable. Bien sûr, pour les acteurs ça rajoute de la difficulté : il faut projeter davantage la voix, et il y a tout un environnement par-dessus lequel il faut passer : le vent, les cigales mais cela participe aussi à la sensation si particulière du théâtre en plein air. Il y a aussi  l’incertitude de la météo. On ne sait jamais quel temps on aura, s’il y aura de la pluie, et c’est aux comédiens de s’adapter à l’environnement. Je pense que cette émotion du plein air va nous faire du bien après la pandémie et les confinements, le public a envie de retrouver aussi cette convivialité qu’offre le théâtre et de partager des émotions ensemble pour se retrouver solidaire d’une culture qui est importante pour garder du lien, lutter contre la déprime, l’isolement et la solitude. Le théâtre est aussi là pour insuffler de l’énergie, de la vie et de l’espoir aux gens.

 

Comment est né ce projet de seul en scène, qui a somme toute un caractère très personnel puisque vous en êtes aussi le metteur en scène ?

 

C’est une histoire qui m’a beaucoup touchée, et qui selon moi concerne tout le monde, c’est une fable qui nous prends d’affection et qui nous parle d’humanité et je crois qu’aujourd’hui c’est exactement le genre de choses que l’on a besoin d’entendre.  C’est l’histoire d’une promesse et d’un homme d’honneur qui veut absolument rembourser sa dette et qui va nous entrainer dans son périple, tantôt cocasse, tantôt comique et même parfois dramatique. Au travers de son histoire, il nous parle de nos besoins, nos désirs, notre façon de vivre, de rêver et de notre rapport au monde. Qu’est-ce qui est important finalement dans la vie ? Est-ce l’argent ? Je ne pense pas et c’est d’ailleurs ce que raconte la pièce, comment trouver notre bonheur ailleurs que simplement dans l’amas du gain.

 

L’adaptation d’Ermanno Olmi (1988), lui a valu de remporter le lion d’or à la Mostra de Venise, cela ne vous a-t-i pas mis la pression concernant votre adaptation ?

 

J’ai réalisé une version très différente à vrai dire de celle d’Olmi, le film est beau mais c’est une adaptation très littéraire alors que moi je me suis vraiment attaché à l’esprit du texte et à ce qu’il nous raconte sur notre humanité. C’est pour cela que j’ai adapté le texte de Joseph Roth avec des poèmes d’Apollinaire, des moments musicaux durant lesquels je joue de la trompette ou même du chant. J’ai composé un spectacle avec un personnage plus chaplinesque, inspiré des œuvres de Jacques Tati où un univers comique et poétique est entremêlé au texte.  Pour moi, l’histoire depuis sa sortie en 1939 n’a pas vieilli et je pense qu’elle sera encore d’actualité dans 20, 40, 50 ans et même plus ; c’est pour cela que j’ai voulu me rapprocher d’artistes intemporels tel Chaplin.  La ruée vers l’or sera toujours d’actualité dans un siècle, ce sont des choses qui ne bougent pas parce que dans ses films, Chaplin s’adresse à nous. Il y met un supplément d’âme et c’est cela que j’ai essayé de faire avec ce texte, quelque chose qui s’adresse plus à l’âme des spectateurs qu’à leur intellect.

Cela fait maintenant quelques années que vous jouez ce spectacle, qu’est-ce qui a évolué depuis les premières représentations ?

J’ai créé la pièce il y a deux ans au festival d’Avignon, et je l’ai jouée l’année dernière au théâtre du Petit Montparnasse à Paris mais elle a été interrompue par la Covid-19 et nous avons dû l’arrêter en novembre 2020. Cela fait donc 10 mois que je n’ai pas rejoué la pièce et ce sera ma deuxième représentation au festival des Tragos depuis la reprise. Je suis particulièrement impatient de remonter sur scène et d’être dans un cadre aussi enchanteur que celui du théâtre de verdure de Cavalaire.

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dsc_3522c.malavoy-_hd_legende_du_st_buveur_280721_c_cavalaire_communication_-_bao.jpg, par © Cavalaire Communication - BAO